Gravure de Daumier |
Dans bien des
familles, la tradition conserve des souvenirs d’origines étrangères. Les
uns seraient des descendants de fonctionnaires Espagnols, les autres d’Anglais
venus à l’époque de la guerre de Cent ans... C'est à se demander de quoi
la France était peuplée !
Mais
l'étaient-ils vraiment, étrangers ? |
Les
noms en "-ez" du Nord de la France
Beaucoup de Francs-comtois
et de gens du Nord se disent ou se croient d’origine espagnole.
Certes, l’histoire et le jeu des successions entre les familles régnantes
ont valu à ces provinces d’être autrefois entre les mains des rois d’Espagne.
Il n’en reste pas moins que, hormis quelques rarissimes représentants
du pouvoir envoyés par Madrid, les populations de ces régions n’en changeaient
pas pour autant.
Ce qui achève, dans le Nord, de suggérer des origines ibériques sont les
fréquentes terminaisons en "-ez", comme Groulez, Guinez,
Duprez, Grimonprez, qui rappellent évidemment les Rodriguez, Sanchez ou Fernandez,
si nombreux de l’autre côté des Pyrénées.
En fait, la terminaison "-ez", réservée quasiment aujourd’hui
aux deuxièmes personnes du pluriel, était très fréquente en ancien français,
où on l’employait volontiers à la place de la terminaison en "-é",
comme dans "un prez" ou "âgez de trente ans" et il
se trouve que, de tous temps, elle avait dominé dans le Nord, comme on
avait, pour rendre la terminaison en "-o", l’habitude du "-eau"
dans l’Ouest et du "-ot" en Bourgogne. L’épisode espagnol n’est
donc, en fait, ici, jamais plus qu’une coïncidence. |